Le MAS des Terres Rouges

La mesure du temps jusqu’à nos jours.

Dans les sociétés primitives le temps se mesure par rapport au lever et au coucher du soleil, par rapport au cycle lunaire, à la position des étoiles la nuit et par rapport au rythme des saisons avec pour références solstices, équinoxes et soleil au zénith.

Les sociétés plus proches de nous avec leurs astronomes ont établi des calendriers pour caler l’année calendaire sur l’année solaire et inventé des cadrans solaires, des clepsydres, des sabliers pour mesurer l’écoulement du temps pendant la journée ou la nuit.

Les premières horloges mécaniques se développent à partir de l’an 1000 et les montres à quartz il y a seulement 40 ans avec une progression accrue dans la précision de la mesure.

Les calendriers

 

Notre calendrier découle du calendrier julien mis en place par Jules César en -46 sur les conseils de son astronome Sosigène d’Alexandrie (an 709 de la création de Rome). Il est lui-même issu des calendriers grecs et égyptiens et d’un précédent calendrier lors la création de Rome. L’année est découpée en 365 jours et 12 mois avec alternance des mois de 30 et 31 jours. Le dernier mois de l’année est février qui prend le solde des jours plus un jour supplémentaire tous les quatre ans. Anecdote : Le mois d’août ayant été dédié à l’empereur Auguste, celui-ci ne pouvait pas avoir moins de jour que le mois de juillet dédié à Jules césar. Voilà donc pourquoi aujourd’hui les mois de juillet et d’août rompent l’alternance avec tous deux 31 jours.

 

 

Jules César

 

Le calendrier grégorien

Ce calendrier julien perdure jusqu’en 1582 avec diverses vicissitudes (dont le début de l’an) où le pape Grégoire XIII pour rattraper le décalage entre l’année calendaire et l’année solaire (11 minutes par an) décide de supprimer 3 années bissextiles sur 4 en début de siècles (les années en 00) et 10 jours entre le jeudi 4 et le vendredi 15 octobre 1582. (Thérèse d’Avila est donc morte dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582). La France ne fait ce changement qu’en décembre de la même année, les Anglais (pays protestant opposé au pape) en 1752 et les Russes en 1918 (la révolution d’octobre a eu lieu en fait en novembre 1917). Ce calendrier dure jusqu’à aujourd’hui avec pour seul intermède le calendrier révolutionnaire en France entre 1792 et 1806. Le calendrier Grégorien n’est pas encore parfait puisqu’il reste un décalage de 1 jour tous les 4442 ans.

 

Mesurer le temps

 

La mesure du temps de la journée n’a guère plus été facile pendant cette même période. Jusqu’à la synchronisation récente de la mesure du temps et la création des fuseaux horaires en 1884 (conférence internationale de Washington), « chacun a vu midi à sa porte » avec l’heure locale ou heure solaire. La vie sociale des campagnes a été marquée par le lever et le coucher du soleil au rythme des saisons et des lunaisons avec comme référence intangible le soleil de midi. Les premiers outils pour mesurer l’écoulement du temps au cours de la journée sont le cadran solaire et la clepsydre.

 

Dans le cadran solaire, l’ombre du bâton (ou gnomon) planté verticalement dans le sol tourne avec le soleil. Pour lire l’heure, il faut graduer le cadran et tenir compte de la position du soleil avec les saisons. Au Moyen Age les cadrans solaires ne possédaient que quatre graduations qui sur les chantiers servaient à indiquer le temps de travail des ouvriers.

 

La clepsydre ou horloge à eau des Egyptiens a été aussi utilisée pour compter le temps. C’est un grand vase percé, calibré à l’intérieur, qui laisse échapper un mince filet d’eau. Il était utile la nuit et par temps couvert mais restait très imprécis. L’observation des étoiles la nuit par temps découvert, permettait aussi une mesure du temps pour les initiés.

 

Dès le haut Moyen Age, le temps des campagnes est réglé sur les huit heures canoniales et sonnées par les cloches des couvents puis des églises et qui commencent par les matines. « Frère Jacques …sonnez les matines… » . Ces heures canoniales prennent le pas sur les 12 heures de jour et le 12 heures de nuit inégales du calendrier romain.

 

 

Les horloges mécaniques se développent autour du premier millénaire et prennent leur essor au 13ème siècle avec l’invention du foliot. Ces horloges sont des mécaniques très imposantes avec trois pièces essentielles : le poids qui fournit la force motrice, l’échappement qui communique l’énergie donnée par le poids et le foliot, balancier dont les oscillations entretenues par la roue d’échappement régularisent le mouvement.

 

Une seule aiguille indique l’heure, il faudra attendre le 17ème siècle pour voir apparaître l’aiguille des minutes. Les écarts journaliers de ces horloges dépassent facilement l’heure et il faut effectuer des réglages constants. Avec le développement des villes et du commerce les heures « régulières » des horloges d’édifice vont prendre le pas sur les heures canoniales. Les horlogers, habiles mécaniciens, vont apporter à ces horloges de multiples perfectionnements avec les horloges astronomiques présentant les heures de levers et couchers du soleil , les phases de la lune…etc.

 

 

le mécanisme dit à foliot

 

Les inventeurs

 

échappement à ancre

La grande révolution des horloges démarre avec l’observation en 1638 par Galilée de la régularité des oscillations du pendule. A 19 ans il observe le mouvement régulier (isochrone) d’une lampe qui se balance sous la voûte de la cathédrale de Pise et a l’idée de l’appliquer à la mesure du temps.

Christian Huygens invente la première horloge à pendule et Salomon Coster la réalise en 1657. Cette horloge portera donc le nom de pendule.

Robert Hooke, un horloger anglais associe pendule et ressort en 1660 puis invente l’échappement à ancre réalisé en 1671 par Robert Clément. Ce nouvel échappement va évoluer rapidement et remplacer définitivement l’échappement à foliot.

 

 

La précision des horloges passe d’une heure à quelques minutes en 24 heures. L’aiguille des minutes peut alors apparaître. Huygens invente encore le ressort spiral en 1675, qui va jouer le rôle d’oscillateur dans les montres et permettre leur essor.

L’horloge de marine mise au point en 1759 par l’anglais John Harrison puis par Ferdinand Berthoud augmente la précision de la mesure du temps. Elle est insensible au roulis et à l’humidité. Elle a été créée suite à un concours lancé en 1714 en Angleterre puis en France pour une plus grande précision dans la mesure de la longitude, ce qui va amener un réel progrès dans la cartographie des mers et dans la navigation.

Après une longue période de fabrication artisanale, l’industrialisation des méthodes de production va contribuer à la précision des mécanismes horlogers et à l’essor de l’industrie horlogère au 19ème siècle en rendant ses productions plus accessibles en quantité et en prix. La montre de poche reste encore un objet de luxe que Louis Breguet va populariser à Paris dès 1780.

 

Le temps maîtrisé

 

Le 19ème siècle est aussi celui des voyages. Les voyageurs maintenant équipés de montres de poche découvrent le désagrément des heures locales. Il faut uniformiser l’heure sur le territoire sinon comment faire des horaires de train ou prendre des rendez-vous. Ce que Napoléon avait souhaité (l’heure des armées pour tous) mais pas vraiment réalisé devient possible grâce aux nouveaux moyens de transmission tel le télégraphe Chappe puis grâce aux moyens de communication électriques et électromagnétiques. Le 9 mars 1911 la France règle ses horloges non plus sur le méridien de Paris mais sur celui de Greenwich devenu référence du temps universel pour le monde entier depuis 1884. L’heure est enfin donnée à tous en France le 14 février 1933 par l’horloge parlante.

La découverte de la piézoélectricité par Pierre Paul-Jacques Curie en 1880 va révolutionner l’industrie horlogère. Si la pression sur le cristal de quartz piézoélectrique génère un courant électrique (qui fait jaillir l’étincelle de l’allume-gaz), à l’inverse l’excitation du même quartz par un champ électrique va le faire vibrer à une fréquence très stable. L’oscillateur à Quartz est né. Il faudra attendre 1929-1930 pour voir apparaître la première horloge à quartz puis 1967 pour les premières montres à quartz. La précision de mesure du temps tombe à 1/1000 de seconde en 24 heures.

Cela n’est pas encore suffisant pour les scientifiques, l’astronomie moderne et le GPS. Les horloges atomiques au césium 133 embarquées dans les satellites accroissent cette précision à une variation de une seconde tous les 3000 ans environ.

 

Horloge atomique commerciale à césium ayant servi à réaliser le temps légal français dans les années 80 et comme référence pour l'horloge parlante

 

Les horloges d’édifice : l'apogée : 1870 – 1939

 

L’horlogerie d’édifice s’est fortement développée à la fin du 19eme siècles dans les bourgs de Morbier, Morez et Foncine-le-Haut , cette région du Jura étant déjà fortement impliquée dans la fabrication de comtoises grâce à ses paysans-horlogers. L’industrialisation de la fabrication des horloges d’édifice a permis, outre une fiabilité accrue, d’en abaisser les coûts assurant ainsi un essor de cette activité dans ces bourgs du Jura de 1870 à 1939.

Le marché des horloges d'édifice croît dans toute la France. Écoles, bâtiments militaires, églises, communautés religieuses et bâtiments publics s'équipent tous d'une horloge horizontale, soit pour une première installation, soit pour remplacer une ancienne horloge à cage usée et difficilement réparable.

 

Cette période se caractérise surtout par l'émergence de quelques gros fabricants dédiés quasi-exclusivement à l'horlogerie d'édifice. Outre Bailly-Comte, Louis-Delphin Odobey, son fils Paul Odobey, la famille Cretin-L'Ange et les frères Prost, cette dernière entreprise étant reprise ensuite par Francis Paget. De plus, à Foncine-le-Haut, est présente l'entreprise Fumey qui s'associera à Armand-François Collin de Paris.

A elles seules, ces six entreprises vont petit à petit réaliser l'essentiel de la production d'horloges d'édifice, faisant disparaître les autres petits fabricants.

Environ 300 horloges de clocher son fabriquées par an dans le canton de Morez en 1900 ce qui représente cependant un volume tout à fait remarquable correspondant à un tiers de la production d'horloges d'édifice réalisé dans deux villages de quelques milliers d'habitants des montagnes du Jura !

La situation décline à partir des années 1930 avec la crise économique et le conflit européen. Après la seconde guerre mondiale, les fabricants d'horloges d'édifice de Morez finissent par disparaître un à un. Les horloges mécaniques sont remplacées par des horloges électriques ou électromécaniques et les besoins sont moindres. L’épopée industrielle des horloges d’édifice se termine à la fin des années soixante avec la disparition des dernières entreprises.

L’installation des horloges d’édifice est spécifique à chaque site, ce qui nécessite déplacements pour installer mais aussi pour entretenir. Un réseau d’installateurs-vendeurs se met en place en France. A Montpellier, dans les années 1910, l'établissement A. Portal, 46, rue Saint-Guilhem est « Représentant Concessionnaire de MM. Odobey-Cadet, fabricants à Morez (Jura) pour les départements de l'Aveyron, Ardèche, Alpes-Maritimes, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Vaucluse, Var ». Victor Nègre, « Spécialiste d'Horloges publiques » à Montolieu (Aude) pose des horloges Cretin-L'Ange dans les années 1900.

 

 

Horloge de Mourèze.

La cloche et l’horloge de la marque Terraillon Petijean datent de 1920

 

Horloge de Salasc

Elle date de 1901, elle est de marque Odobey

 

 

Horloge de Villeneuvette

De marque Crétin-L’Ange, elle n’est plus en fonction depuis la cessation d’activité de la manufacture. Pas de date précise ( 1875 ? )

 

 

 

Avec la participation de

Hubert Bresson

Horloger de la ville et des musées de Montpellier

Balade animée par :

Le Mas des terres rouges

34800 SALASC

 

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